Débriefing et retour/partage d’expérience sur le thème « optimiser la sortie de crise COVID 19 »

Une des caractéristiques essentielles de cette crise nous semble résider dans l’hétérogénéité de ses impacts…

Crise COVID-19: un débriefing nécessaire pour recréer une expérience collective ?

Catherine LEDRU, Directrice d’EPISTEME – Accompagnement de crise et prévention des RPS

optimiser la sortie de crise COVID 19

QUELQUES RAPPELS SUR LA NOTION DE CRISE

/étymologie grecque : séparer, distinguer, trancher, agir

Plus que comme un événement, il faut voir la crise comme un processus qui, à partir d’un événement-clé (plus ou moins soudain, violent, inhabituel…), déclenche un enchaînement de situations générant :

  • Une incertitude majeure,
  • Un dépassement des capacités de réponse habituelle du système (inadéquation des moyens et du cadre de référence habituels),
  • Avec un fort impact psychologique (peur, stress, anxiété…)
  • Et une déstabilisation plus ou moins marquée des comportements individuels et collectifs

La crise confronte à une nécessité d’adaptation rapide et massive dans un environnement incertain et contraint.

/langue chinoise :

avec une notion de « chance suspendue » car la situation de crise est généralement protéiforme, instable et incertaine, tant dans son interprétation que dans son issue.

Faire face à la crise = réfléchir à partir de ce que l’on voit, de ce que l’on sait mais aussi se projeter par rapport à ce que l’on ne sait pas et aux opportunités que créé la crise.

PARTICULARITE DE LA CRISE COVID-19 ?

  • Un risque létal relativement faible mais surmédiatisé
  • Inédite ? Pas vraiment (SRAS, H1N1, Ebola…) sauf confinement généralisé + décompte journalier des morts
  • Une pandémie mondiale avec des politiques de confinement/déconfinement non alignées => un risque de déstabilisation globale sanitaire, économique et sociale
  • Un manque de connaissances et de consensus scientifiques
  • Des vécus de crise très différents, objectivement et subjectivement
  • Des relations de causes à effets difficile à établir : malades asymptomatiques, période d’incubation longue, manque de disponibilité et de fiabilité des protections et des tests, communication institutionnelle polluée par un tragique manque de moyens et par un paradoxe classique de la gestion de crise (nécessite de rassurer pour éviter des comportement de panique collective mais, dans le même temps, d’inquiéter suffisamment les gens pour qu’ils respectent le confinement et les mesures barrières)
  • Une incertitude ++  quant aux évolutions possibles de la pandémie et à ses conséquences à court, moyen et long terme
  • Une grande hétérogénéité de l’impact émotionnel et psychologique

La crise peut rapprocher / souder (« on a fait la guerre ensemble ») ou différencier / séparer car, comme c’est souvent le cas, les gens n’ont pas vécu la même crise

Sur le plan professionnel :

  • Risque ou pas pour la survie de l’entreprise et/ou de leur emploi
  • AGIR vs SUBIR (le sentiment de contrôle est essentiel pour réguler le stress)
  • Travail sur le terrain / télétravail en confinement / activité partielle
  • Surcharge vs ennui (sentiment d’inutilité, sentiment d’inefficacité…)
  • Sentiment d’avoir été fortement soutenus ou au contraire abandonnés par le management
  • Impact financier ou pas (avec parfois un sentiment d’injustice)
  • Problème de levée « sauvage » du secret médical pour les personnes « à risque »

Sur le plan personnel :

  • Personnes plus ou moins « à risque » en termes de santé
  • Perte de proches ou pas
  • Vécus très différents de la maladie pour ceux qui ont été malades ou en contact avec des malades : hospitalisés en réanimation / asymptomatiques
  • Profils plus ou moins anxieux / rapport à la maladie, rapport au risque en général
  • Vécu familial en confinement plus ou moins agréable
  • Coupure ou pas de la famille (notamment si à l’étranger), garde d’enfant partagée, problème de l’isolement des proches en EHPAD, obsèques en catimini

Au globale, pour des raisons à la fois objectives et subjectives, on peut observer des vécus parfois diamétralement opposés :

  • Situation angoissante voir traumatique vs période de vacances et de prise de recul appréciable
  • Privation de liberté (jusqu’au vécu d’aliénation) vs sentiment de liberté et de recentrage ++ sur la vie personnelle et familiale
  • « Syndrome de la cabane » (vie recluse perçue comme sécurisante et cool) vs besoin ++ de sortir de faire la fête quitte à transgresser les règles de prévention

QUID DE LA SORTIE DE CRISE ? COMMENT OPTIMISER LA SORTIE DE CRISE ?

Est-on en sortie de crise ?

Crise = rupture d’équilibre

=> Sortir de la crise = rétablir l’équilibre initial ou construire un nouvel équilibre ? « Profiter de la crise » pour créer quelque chose de mieux ?

=> Comment tirer le meilleur parti de l’autonomie acquise/démontrée par certains et de la nouvelle appétence pour le télétravail, les visioconférences, les formations distancielles …?

Principaux enjeux managériaux ?

  • RASSURER
  • MOBILISER / ENGAGER
  • ACCOMPAGNER / SOUTENIR

PRINCIPAUX POINTS DE VIGILANCE ?

  • Reconstruire une expérience collective à partir de la pluralité des expériences individuelles
  • Identifier et réguler les tensions (sur fond de sentiment de manque d’équité, de jalousie, de harcèlement…)
  • Être à l’écoute et accompagner si besoin les collaborateurs qui ont vécu des situations de mal-être à titre plus personnel (sentiment d’inutilité pendant le confinement, demandes de télétravail, souhaits de reconversion, perte de proches…)
  • « Resanctuariser » le secret médial
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